Bhagavad Gĭta signifie Chant du Seigneur, du divin, en sanskrit. . Elle a été écrite il y a environ 2500 ans.
C’est une partie du Mahâbhârata, (qui signifie « Grande Humanité »), vaste épopée qui conte l’histoire de lignées de rois et de sages du pays de « Bhârat » (nom véritable de l’Inde). Elle contient non seulement des aspects historiques, mais aussi des récits mythologiques et des enseignements philosophiques.
Ce texte est un véritable enseignement sur la vie. La Bhagavad Gîta répond aux questionnements existentielles.
Contexte
Déroulement
Elle raconte l’histoire qui se déroule à Kurukshetra, au commencement de la guerre de Bharata. Arjuna, prince guerrier, est en proie au doute alors qu’il s’apprête à lancer la bataille, qui risque d’entrainer la mort des membres de sa famille qui se trouvent dans l’armée opposée.
Krishna prend alors place dans le char. Il commence alors un dialogue avec son dévot, Arjuna, en répondant à ses profondes interrogations, et lui expose ainsi la science de la réalisation spirituelle
Elle répond à ceux que les questions tourmentent…Que sommes-nous ? D’où venons-nous ? Pourquoi sommes-nous sujets à la souffrance ?
Ainsi, comme Arjuna nous sommes envahis par le doute, le refus, la haine à l’égard de l’existence, l’angoisse et le désespoir.
Concordance, adéquation
L’épopée racontée dans la Bhagavad Gīta est l’image de notre existence et de nos propres conflits. Le dialogue entre Arjuna (à l’homme en général) et Krishna, (apparaissant sous une forme humaine, un Avatar) le champ de bataille ainsi que les états d’âmes du guerrier, représentent de manière imagée les tourments de l’Homme, dans le décor de ce monde matériel.
Ainsi, elle nous enseigne comment appréhender l’existence telle qu’elle varie pour chacun d’entre nous….
Enseignement universel
La Bhagavad Gīta entend libérer les Hommes de l’ignorance où les a réduits l’existence matérielle.
Dans la vie, chaque jour, chacun de nous se trouve confronté à des choix difficiles. Ces conflits sèment la confusion dans notre esprit et dans notre existence au quotidien.
(…) Nous ne sommes pas faits pour ces souffrances, car nous sommes éternels et ne vivons que de façon passagère dans ce monde illusoire (Asat)
(…) Nul n’est vraiment parfait s’il n’a pas questionné la souffrance, s’il ne l’a pas refusée et choisi d’y trouver remède.
L'absolu
Le récit enseigne que même si tous les chemins diffèrent, leur but fondamental reste le même : réaliser l’Absolu et échapper au cycle des renaissances à travers la réalisation du Soi.
Apprendre...
Le conditionnement dans cette réalité, dans ce Monde éphémère, matériel, artificiel, nous assomme, nous asservie, nous illusionne… Progressivement, nous nous éloignons, nous nous enfonçons dans la vision tronquée de ce qui nous entoure. Occupés et préoccupés par notre existence, ses hauts et ses bas, nous oublions de nous interroger sur le véritable sens de la vie.
Comme pour avancer il faut regarder les choses en face, nous devons ouvrir les yeux, faire les constats, nous réveiller, nous éveiller…Nous devons comprendre, apprendre, chercher, pour ne plus être ignorant.
Se libérer
La B. Gīta fait le récit d’une conception du savoir être, du savoir-vivre… Elle trace comme une ligne de conduite et nous invite à emprunter la voie pour atteindre les vérités fondamentales. Parmi ces cinq vérités, certaines touchent à la condition originelle des êtres vivants (Jīva) et d’autres, à la nature matérielle (le prakṛti).
Il faut donc prendre conscience, au-delà de nos habitudes, au-delà de nos sens (de ce que l’on peut seulement voir, toucher…). Pour y parvenir, la B. Gīta nous apprend comment retrouver notre identité réelle, en nous libérant de l’égo, en libérant notre conscience…
Mukti
« Aussi longtemps que sa conscience est voilée on dit que l’être est conditionné ; il se fait une conception erronée de son vrai moi, s’identifie à son corps, (...) et perd dès lors tout sens de sa nature réelle. »
Mukti. La libération
La Libération intervient par la purification de la conscience, par son affranchissement. Nous devons aussi identifier la conscience bien au-delà de la matière et du Monde. Nous devons donc délier les chaines qui nous retiennent à la vie matérielle.
« La conscience, c’est la perception que l’on a de soi. Cette perception de nous-même varie, selon notre pureté. »
A notre époque, ce n’est pas chose facile de se retirer de la perception matérielle de notre existence. En effet, il faut survivre en attendant, il faut bien vivre dans ce monde des hommes. La libération est dans son sens le plus profond. Nous devons prendre en considération les réalités, qui existent au-delà de nos perceptions.
La délivrance finale
Nous devons être conscients de cet état de la Réalité tout en remplissant du mieux possible nos devoirs matériels. Ainsi, la conscience libre nous permet l’accès à des vérités, sans perdre le cours de notre existence.
Nous pouvons atteindre un autre niveau de conscience.
Il s’agit de l’état ultime. Moksha est la délivrance avec une cessation de la vie, de l’expérience… Il s’agit du quatrième et dernier but de la vie dans la séquence Purushartha.
La réalisation
Chaque être est distinct de tout autre.
Nous passons naturellement d’un corps d’enfant à celui d’un adulte et puis celui d’un vieillard. Ainsi demeure en nous un élément impérissable qui change de corps à travers des mutations et qui pourtant, reste identique à elle-même et ne subit aucun changement.
La conscience de soi
Pour prendre conscience de sa nature réelle, l’être humain doit comprendre qu’il est au-delà de son corps.
« Ephémères, joies et peines, comme étés et hivers, vont et viennent (…) il faut apprendre à les tolérer, sans en être affecté. (…) celui que n’affectent ni les joies, ni les peines, qui, en toutes circonstances, demeure serein et résolu, celui-là, est digne de la libération. Les maîtres de la vérité ont conclu à l’éternité du réel et à l’impermanence de l’illusoire, et ce, après avoir étudié leur nature respective.»
« … Il est dit de l’âme qu’elle est indivisible, inconcevable et immuable. La sachant cela, tu ne devrais pas te lamenter sur le corps. »
Le corps étant une enveloppe éphémère, nous ne devons pas nous y attacher. Chaque être est un corps et une âme. A l’inverse du corps, l’âme est indestructible. L’âme transmigre d’un corps charnel à un autre, sans que cela ne puisse troubler l’âme, habituée à ces changements…
Illusion d'éphémères
« … La mort est certaine pour qui naît, et certaine, la naissance pour qui meurt. Puisqu’il faut accomplir ton devoir tu ne devrais pas t’apitoyer ainsi. »
Nous existons pour une raison. Nous avons chacun, un rôle. Notre existence est faite d’évidences, au lieu de nous y attarder nous devons réaliser notre devoir… Nous devons faire la part des choses, de ce qui est essentiel et de ce qui n’est qu’illusoire et éphémère.
Du décor de l'expérience de vie
« Celui qui, libre de tout lien, ne se réjouit pas plus dans le bonheur qu’il ne s’afflige du malheur, celui-là est fermement établi dans la connaissance absolue. Celui qui, telle une tortue qui rétracte ses membres au fond de sa carapace, peut détacher de leurs objets les sens, celui-là possède le vrai savoir. »
Nous avons un devoir spirituel dans un monde matériel. C’est comme accomplir un travail dans des conditions inadaptées, discordantes et inhospitalières. L’être humain se confronte à cette situation, oubliant qu’il a un rôle à accomplir. Les conditions ne sont que les décors apprêtés pour l’expérience de la vie, un décor inconstant et passager.
Tout ce que nous sommes
Le véritable savoir c’est la conscience de ce que nous sommes, de tout ce que nous représentons.
Nous sommes des êtres éternels. L’existence est un terrain pour l’accomplissement de notre devoir. Nous nous éloignons de notre devoir dès lors que nous nous attachons aux choses éphémères de ce Monde.
« Celui qui, libre de tout lien, ne se réjouit pas plus dans le bonheur qu’il ne s’afflige du malheur, celui-là est fermement établi dans la connaissance absolue. Celui qui, telle une tortue qui rétracte ses membres au fond de sa carapace, peut détacher de leurs objets les sens, celui-là possède le vrai savoir. »
Ôter les voiles
« Même à l’écart des plaisirs matériels, l’âme réincarnée peut encore éprouver quelque désir pour eux. Mais qu’elle goûte une joie supérieure, et elle perdra ce désir, pour demeurer dans la conscience spirituelle.»
Les plaisirs des sens sont difficiles à contourner. Nous nous pensons contraint dans notre condition. Pourtant en se libérant des sens, nous parvenons à comprendre l’essentiel de ce que nous sommes.
Il faut restreindre les sens en se disciplinant. L’éternité de ce que nous sommes doit prendre le dessus sur nos aspects momentanés.
Uni... Vers...
La Bhagavad Gīta nous incite à nous concentrer sur notre mission, notre être dans ce qu’il représente d’éternel : l’âme. Elle nous incite à comprendre et accepter la nature illusoire des choses : le corps et les sens qu’il développe.
La Bhagavad Gīta énonce une vérité, une réalité évidente… La nature matérielle du monde désoriente l’homme et l’éloigne de sa profonde fonction, de sa profonde nature. Il s’attache à sa partie provisoire et doit revenir à un sens plus essentiel, infini et éternel…
L’Homme recherche le bonheur immédiat, inconstant et fragile. Cette quête lui cause de l’angoisse, le désespoir et des souffrances.
Apaisement
Selon Krishna, la source de toutes ces souffrances, de tous ces troubles est l’agitation de l’esprit, provoqué par le désir.
La Bhagavad Gīta nous apprend à faire face à cette discorde, à l’apaiser à travers les yogas.
La philosophie indienne s’oriente sur le positionnement de l’Homme par rapport à lui-même, et, par rapport à l’univers tout entier. Le Yoga se propose de nous apporter une harmonie, une union corps et esprit, nous permettant de nous consacrer à notre devoir tout en arpentant notre existence matérielle avec sérénité et conscience.
Les voies de la réalisation.
Yoga योग
(En sanskrit yuj, atteler, unir)
Plus couramment, le Yoga est une discipline, qui, par les exercices, la méditation et l’ascèse, vise à l’unification de l’être, dans tous ses aspects : physique, métaphysique et mental.
« Sa méthode englobe toute la connaissance, la structure du monde apparent, la formation de la pensée, le rôle de l'énergie qui donne naissance à l'un et à l'autre, et, au-delà, la puissance énergétique et créatrice dont le monde est issu. Par la méthode de la réintégration, il permet de percevoir la nature des représentations mentales et de la conscience et d'arriver à l'union avec la forme subtile de l'Être. »
Darśana
Le yoga constitue l’un des six points de vue de la philosophie védique (darśana). Ces darśana permettent d’avoir une vision globale de la réalité.
C’est une réalité suprême, qui, dans sa globalité, nous échappe… Par l’intermédiaire des darśana nous pouvons nous faire une idée fragmentée de la réalité absolue et indivisible.
Les darśana sont les voies de la connaissance qui nous permettent d’observer sous différents angles, afin d’avoir une vision d’ensemble…
Les 5 voies
Le Yoga lui-même, s’oriente sur 5 voies majeures :
- Le Jñâna-Yoga ज्ञान योग, la connaissance
- Le Bhakti-Yoga भक्ति योग, la dévotion
- Le Karma-Yoga कर्म योग, le service désintéressé
- Le Kriyâ-Yoga, les techniques, toutes les techniques du Yoga : Hatha, Kundalini, Tantra, Nidrâ…
Le Râja-Yoga, la méditation (dhyâna), union royale avec l’esprit.
Tous les individus ne suivent pas le même chemin. Ainsi, il existe différents styles et voies de Yogas, liés aux aspirations de chacun et aux différents aspects de notre nature. Ces voies peuvent être suivies séparément ou ensemble. Dans une même voie (Mārga), il peut exister différents courants.
Vers l’équilibre naturel
Tous les êtres humain sont naturellement équilibrés et unis dans leur entier. Le yoga est la voie vers la conscience de cette entité intérieure. Il nous enseigne la dualité de notre condition. Il prend en compte l’asservissement aux conditions physique et matérielles, et notre aspiration au dépassement de ces conditions ; par le déconditionnement.
Le yoga apprend à vivre au quotidien, face à la réalité… Il nous permet d’agir en conformité avec nos besoins, nos intentions et nos valeurs fondamentales. Il nous apprend aussi à renforcer notre corps, à équilibrer notre organisme et notre système nerveux.
Dégagés de toute influence extérieure nous nous réapprenons et nous retrouvons notre équilibre tel que le sont tous les éléments de notre univers…
Selon la Bhagavad Gīta, le but de la vie est de libérer l’esprit et l’intellect de leurs complexités et de les concentrer sur l’âme.
Par delà toutes les croyances…
La Bhagavad Gīta n’est pas une bible. C’est un texte sacré par sa résonnance, par le précepte spirituel qu’elle enseigne.
Autour de la Terre, les Hommes professent une foi différente.
Il ne s’agit pas de se convertir à une religion, d’adhérer à une croyance ou de s’abandonner à une idéologie… Ces changements n’affectent pas la disposition ultime de l’être. Peu importe le chemin, seule la destination compte.
Ainsi, l’Homme doit se positionner et visionner différemment le monde qui l’entoure pour atteindre la réalité Absolue.
Pour tous
La réalité qui se situe au-delà de ce que l’on considère et au-delà de nos connaissances limitées.
La Bhagavad Gīta nous propose de connaitre l’aspect ultime de toute chose, la vérité absolue (en la personne de Krishna, dans le texte, Bhagavān).
Son enseignement est destiné à tous, sans aucun égard quant aux origines, aux cultures, aux appartenances de chacun. Toute personne est confrontée, à un moment ou à un autre de sa vie, aux confusions, aux doutes, aux craintes, aux conflits… L’instruction qu’elle nous donne s’adresse à cette dissension en nous, pour chacun de nous.
Cependant, la Bhagavad Gīta, nous prévient que son message n’est audible que pour ceux déjà engagés sur la voie de la connaissance…
[Je ne Me montre jamais aux sots ni aux insensés ; par Ma puissance interne, Je suis pour eux voilé. Ce monde égaré ne Me connaît point, Moi le non-né, l’Impérissable. Verset 25 – La connaissance de l’Absolu]
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